(Je ne sais pas trop si la thématique du film est bien adaptée au public de ce forum. Je laisse donc le libre choix aux modérateurs de l'envoyer dans les limbes si ils estiment que c'est justifié. Je ne m'en formaliserai pas.)Voici un sujet sur un film du réalisateur italien Pier Paolo Pasolini que j'ai vu récemment et que je considère comme une oeuvre fondamentale de ces dernières décennies. Il s'agit d'une réinterprétation des Cent Vingt Journées de Sodome, grande oeuvre du marquis de Sade dont l'action se passe à la fin du règne de Louis XIV.
Le film raconte l'enlèvement de 18 jeunes garçons et filles, qui vont être séquestrés, torturés, agressés sexuellement et assassinés par 4 notables italiens proches de Mussolini et du régime fasciste.
N'étant pas un fanatique du verbage excessif qui passe toujours à côté de l'essentiel, je me contenterai d'être concis. Ce film est une dénonciation du consumérisme et de l'esclavagisme par l'envie et l'argent. Il est question de pouvoir, de toute-puissance, de jouissance immédiate acquise par la disposition d'un corps soumis, déshumanisé et réduit à l'état de jouet. Le film traite avant tout du pouvoir absolu.
L'utilisation de la période fasciste est là pour faciliter la lecture et la transmission du message, mais Pasolini souhaite avant tout traiter de l’argent qui permet tous les excès. Le consumérisme, nouveau fascisme d’après guerre qui efface toutes les cultures et toutes les valeurs en les marchandisant. Y compris les valeurs humaines et la valeur de l’humain.
Le film ne se veut en aucun cas complaisant et considère que chaque être humain possède une face sombre au fond de lui. Une animalité instinctive qui peut prendre diverses proportions selon les circonstances. Sous couvert de l'hypocrisie pudibonde de la noblesse ou des milieux bourgeois. Tout dépend de ce que l'humain décide d'en faire, si il met l'humanisme en jeu ou possède une grande fortune ou une grande influence qui lui permettant de mettre ses perversités en oeuvre. Sans que le consentement réciproque soit forcément un absolu, d'autant plus quand le bourreau prend plaisir dans le supplice de sa victime. C'est un film très noir et très pessimiste, qui délègue la notion de moralité à l'arbitraire de l'argent et du pouvoir. À travers ce film, Pasolini considère également la libération sexuelle comme une tromperie. Il s’élève contre la société de consommation et le capitalisme qui asservissent la sexualité, alors qu'elle devrait être libératrice.
Il s'agit d'un film très difficile à ne pas mettre entre toutes les mains. Il a fait polémique à l'époque de sa sortie, fut souvent censuré et n'a été réhabilité qu'au cours des dernières années. Il est officiellement interdit au moins de 16 ans, mais je pense qu'il vaut mieux réserver ce film aux personnes majeures. (Malgré l'absence de véritable pornographie.)
Fiche Wiki de Pier Paolo Pasolini :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pier_Paolo_Pasolini#Bibliographie